Europe 1880 - Tribulations Extrême-Orientales

La photo n'est peut-être pas de bonne qualité mais le trait est sûr. Bravo !

Gast ! Moi qui ai à peu près autant de talent au dessin qu'un manchot (forcément empereur, c'est dans le thème), ce genre de production manuelle m'impressionne toujours !

Et tant que je suis là, j'en profite pour faire un peu de résumé, parce que mine de rien il manque une partie de la fin...



Journal personnel de Saigo Takamori (dernières pages)

Macao.
La plupart des gens trouvent cette ville soit fascinante, soit répugnante.
En ce qui me concerne, je la trouve propice à la réflexion. Il faut simplement prendre le temps de l'observer, et de peser le poids du passé comme celui du présent.

A l'heure où j'écris ces lignes, je me trouve dans le bureau du gouverneur de la vieille forteresse portugaise, dont nous avons fait notre quartier-général. Un édifice qui tranche avec l'architecture du reste de la ville, qui n'a pas bougé depuis près de deux siècles, et dont certaines parties tombent franchement en ruines.
Le témoin d'un âge révolu, qu'on ne regarde plus que comme une curiosité, un peu comme un vieil homme à qui on viendrait demander de raconter des souvenirs d'une époque que plus personne d'autre que lui n'a connu.
Exactement le sort que l'Empereur voulait éviter à l'ensemble du Japon.

J'ai laissé partir le groupe d'européens. 
Ils ont passé la porte de ce bureau voilà une heure à peine, libres, avec l'air de croire que tout cela était trop beau pour être vrai.
Je peux les comprendre.
Des semaines de traque à travers toute la Chine, sur des milliers de kilomètres, tout ça pour que cela se termine simplement sur une discussion ?
Mais pourquoi pas, au fond ?
De toute manière, que pouvais-je faire d'autre ?

Les européens ont traversé le pays avec la complicité du réseau boxer, nous le savons désormais suite à la trahison de l'aubergiste qui les a hébergé à Zhengzhou. Il est bien naturel que les boxers aient peu apprécié la manipulation... d'aucuns diraient la trahison... dont ils nt fait l'objet.
Nous les aurions intercepté en chemin, tout cela aurait pu être réglé discrètement.
Mais une fois Macao atteinte... la partie était en réalité déjà gagnée pour eux.

Macao grouille d'occidentaux. Principalement des anglais, mais pas seulement, venant dans cette ville de plaisirs débauchés pour gouter à tous les fruits défendus chez eux.
Le résultat est qu'il y a des témoins partout. Le drapeau japonais flotte peut-être sur la ville, mais elle est contrôlée par une labyrinthique toile d'araignée faite de patrons de maisons de jeux, de fonctionnaires corrompus, de tenancières de maisons closes et, ne nous voilons pas la face, de triades criminelles.

La partie était déjà gagnée pour eux. 
Le seul choix qui me restait était la façon de perdre. Une éventualité qu'il faut toujours garder à l'esprit.
J'ai essayé de les convaincre de se taire. Rentrer chez eux, ne rien dire, laisser le Japon annexer Pékin, et ainsi assurer la paix. Une paix bâtie sur un mensonge, certes, mais la paix malgré tout.

L'alternative, c'est tout dire. Les preuves manquent, mais les indices sont suffisants pour diligenter une enquête, qui révélera toutes les inévitables zones d'ombres que notre complot a créées.
D'autant plus que les chinois s'engouffreront dans la brèche... et alors, les puissances européennes réclameront naturellement réparation pour la mort de leurs concitoyens tombés à Pékin.
Et ce sera la guerre. Une guerre opposant deux continents. Une guerre mondiale...

Le meilleur sabre est celui qui reste au fourreau.
J'ai essayé de les convaincre, mais je crains d'avoir échoué à le faire.
Il faut toujours prévoir toutes les éventualités.
A commencer par celle de sa mort...

La paix vaut bien tous les sacrifices. 
Celle d'une vie pour en sauver des milliers.
Celle d'une réputation pour sauver un pays.
Mieux vaut une paix bâtie sur un mensonge.

[s'ensuit une lettre testament dans laquelle le shogun assume l'entière responsabilité de l'affaire su siège de Pékin, affirmant avoir agit par orgueil et à l'insu de l'Empereur. L'enregistrement cinématographique de son exécution / suicide rituel pour trahison aura fait le tour du monde.

Le Japon s'est retiré de Chine, ayant tout de même fait la démonstration de sa nouvelle puissance militaire.
La guerre n'a pas eue lieu.]