L5A Janvier 2020 - Peut-on échapper à son destin ?

Avant il sera parfaitement prévisible et manipulable (enfin, plus qu'à l'ordinaire je veux dire).

La mère que tu es dois bien se rendre compte qu'on ne peut pas toujours contrôler ses émotions quand il s'agit de notre sang. Viendra pour lui le temps du remord ainsi que des excuses, et pour toi celui du pardon.

Et pour ce qui est du Bushido, je sacrifierai avec joie mon honneur pour le bien de l'Empire.

Lettre adressée à Bayushi Giseï (et qu'il mettra malheureusement surement beaucoup de temps à recevoir, car partie pour les Terres Brûlées alors que vous en reveniez)

Giseï-chan,

Voilà quelques temps déjà que je n'ai pas eue de nouvelles de ta part. J'imagine que tes fonctions à cet avant-poste dans les terres gaijin occupent le plus clair de ton temps, ce qui est une bonne chose.
J'ai toutefois reçu un courrier de la part de Shosuro Kumo, le maître joailler, qui m'a fait part de ton intention de l'aider plus activement dans ses affaires. Il désirait avoir mon assentiment sur cette question.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins : pour le moment je suis opposée à cette option.

Comme tous les clans, le Scorpion se doit d'être un défenseur de notre empire, pinacle de l'Humanité, ainsi qu'un suivant du Bushido, ciment de notre société.
Contrairement à tous les autres clans, il arrive au Scorpion de devoir sacrifier le Bushido, ce qui par définition le met au ban de la société. C'est un sacrifice acceptable. Mais il doit prendre garde à ne pas non plus sacrifier son humanité, car dans ce cas il n'y aurait plus aucun empire à défendre.

La limite entre ces deux sacrifices est à la fois floue et sujette à interprétation, j'en conviens. C'est un équilibre complexe, et je ne pense pas que tu sois en mesure de le conserver. Du moins pas pour le moment.

Tout cela m'amène d'ailleurs indirectement à un autre sujet qui me préoccupe et sur lequel je désirais t'avertir. Ton père a disparu.
Ou plus exactement, Masayoshi a quitté ses appartements sans avertir personne, nous mettant tous devant le fait accompli, et ne laissant derrière lui qu'une simple note nous informant qu'il avait d'importants projets.

Qui sais quelle folie lui est encore passée par la tête ? Il y a peu de choses plus dangereuses qu'un homme convaincu d'être le seul à avoir raison.

Prends donc soin de toi et de Börte, j'espère toujours être arrière-grand-mère. Tu imagines à quel point je serais heureuse de l'annoncer à tous ceux qui désirent me voir morte depuis des décennies.

Ta grand-mère

Lettre adressée à Asako Sakura (et qu'elle, elle recevra bien car envoyée à sa résidence à Shiro Moto)

Ma très chère Sakura,

Voilà bien longtemps que je n'ai pas eu l'occasion de t'écrire. Il faut dire que nous sommes bien loin l'une de l'autre depuis que tu es partir pour les terres Licorne.

Je tenais à t'écrire car j'ai beaucoup réfléchie depuis notre dernière rencontre. Toute cette sinistre histoire avec Ronin, tes recherches sur le karma et la réincarnation... Tout cela m'a énormément travaillée, et j'ai finie par me demander si ce n'était pas le symptôme de quelque chose de plus profond.

Vois-tu, je pense que l'Ordre Céleste peut être assimilé à une tour, divisée en plusieurs étages. Et force est de constater que cette tour est menacée. Ses fondations, à savoir notre empire terrestre, sont ébranlées.
Le simple fait que la dynastie Hanteï n'occupe plus le trône était déjà un très mauvais présage. Voilà maintenant que l'on discute ouvertement d'hérésie à la cour, l'impératrice ayant évoqué la création d'un conclave théologique afin de déterminer la place des gaijins des Terres Brûlées dans l'Ordre Céleste !

Nos principes fondateurs les plus sacrés sont en train d'être bafoués, il n'est donc guère surprenant que des abominations contre-nature comme ce Ronin ait vu le jour. Quelqu'un doit prendre les mesures qui s'imposent.

Par chance, au cour de mes recherches le destin a voulu que je croise la route du père d'un de tes amis. Il s'agit de Bayushi Masayoshi, c'est un homme d'une grand érudition. Figures-toi qu'il m'a avoué que même des moines Dragon étaient activement à sa recherche, afin de débattre du sens de la Justice.
Toujours est-il qu'il partage mon opinion. Il a entendu parler de certaines recherches menées par notre clan, et en particulier par ma famille, et j'aurais peut-être besoin de ton aide sur ce sujet. Tu comprendras toutefois que je ne puis en dire plus par écrit.

Je passerai donc peut-être te voir à Shiro Moto. J'en profiterai pour rencontrer enfin ce fameux Tsubodaï, qui doit être un homme bien exceptionnel pour avoir réussi à t'éloigner de moi.

Puissent les Kamis accorder sa bénédiction au Trône du Chrysanthème et à son héritier légitime,

Isawa Eriko

Gisei : Père mais qu'est-ce que vous foutez là ?!
Masayoshi : Je viens te rejoindre, j'ai appris que tu avais besoin d'assistance dans ta mission ! Et je t'apporte ce message de ta grand-mère.
(Gisei lit)
Masayoshi : Qu'est-ce que ça dit ?
Gisei : Ça dit que vous avez disparu.

Pas si vite, pas si vite...
Je ne fais pour le moment que préparer le terrain pour la suite.

Tout vient à point à qui sait apporter de l'eau au moulin.

PS : de plus je rappelle que vous êtes pour le moment en plein trip onirique, et accessoirement sous l'effet de substances certainement prohibées.

Il ne s'agit que d'une référence à Kaamelott mon bon maitre. Un flood bien innocent en attendant de narrer nos pérégrinations à travers les âges, les vies ,et les rêves.

Ah ? Je l'avais pas du tout, celle-là.

Faut dire qu'elle est effectivement particulièrement raccord avec la situation.

Lorsque j'ouvre les yeux, je ne vois qu'une épaisse brume où que se pose mon regard. Je ne sais pas où je suis et cela devrait m’inquiéter, mais ce n'est pas le cas. Je devrais tomber mais je flotte, calme au sein de cet océan.

J'essaie de me souvenir de la manière dont je suis arrivé ici mais rien ne vient. Rien, pas même un nom.

Qui suis-je ? Étrange question, je me la suis-je déjà posée un jour ? Je l'ignore, mais je ne fais qu'un avec la brume et cela a toujours dû être le cas.

Une ombre s'approche et m'attrape le bras pour m'emmener. Je me laisse faire, je connais cette ombre et je sais qu'elle est là pour m'aider.

Nous progressons dans le brouillard et nous approchons de notre objectif. Quel est-il ? Je ne sais pas, mais je sens que nous y sommes presque.

Soudain, l'obscurité, le silence, plus rien.

J'ouvre les yeux dans un palais en flamme. N'étais-je pas dans un océan de brume à l'instant même ? Non, c'est la fumée de cette saloperie d'incendie qui me fait chauffer le cigare. Suzume-san est devant moi avec Tenshy et nous exhorte avec quatre autres soldats à libérer les derniers otages. Oui, c'est pour ça qu'on est là, sauver ceux qui peuvent l'être et massacrer ces fils de chiennes de l'Araignée !

On avance dans les couloirs en tailladant ses raclures de l'ombre. La chaleur est insoutenable, la fumée nous brûle les yeux, mais rien ne nous arrêtera !

On finit enfin par trouver le traitre qui a laissé entrer ces démons dans le sanctuaire impérial. Suzume-san me demande de l'exécuter sur le champ et je suis ravi de lui obéir.

Mais Tenshy et une soldat s'y opposent. Ils réclament un vrai procès, ils ne veulent pas qu'on tombe au niveau de ces larves.

Ils ont peut-être raison...je regarde Suzume-san qui semble aussi perdue que moi. Elle accepte finalement l'idée de Tenshy et nous nous élançons avec le traitre vers la sortie.

Le bâtiment menace de s'écrouler, des craquements inquiétants viennent du plafond ! Je cours plus vite que jamais, mais je trébuche sur un cadavre caché par la fumé et m'écroule en sol !

Tenshy et Suzume-san s'arrêtent pour m'aider à me relever quand soudain une mer de feu apparait devant nous. Les poutres ont cédé, nous sommes condamnés.

Je regarde ces deux samurai que j'avais juré de suivre jusqu'en enfer s'embrasser tendrement une dernière fois avant la fin, tandis que j'ai une pensée pour Börte. Et alors que le palais en feu me tombe dessus je réfléchis à truc : Qui est cette femme ?

La douleur, l'obscurité, le silence, plus rien.

J'ouvre les yeux, je suis dans une forêt. Je pensais être dans un palais en flamme, étrange...

C'était sans doute un rêve, car ici seules la beauté et la douceur sont visibles. La chaleur de l'été enchante les êtres et les âmes. La lumière de la lune éclairant les lucioles, qui enivrées par le parfum des fleurs valsent au rythme du chant des grillons. La musique céleste, le chant de la vie cadencé par les cris de l’apothéose, cors du plaisir et hérauts du renouveau à venir.

Nous sommes cinq à nous laisser porter par cette œuvre éphémère et éternelle. Je ne reconnais aucuns de ces visages, mais ils étaient avec moi au palais. Ce n'était qu'un rêve pourtant, je ne suis pas un soldat...

Je me fais remarquer en parlant fort, brisant la magie.

Pourquoi ai-je fait ça ?! L'instant était parfait et seul un rustre aurait interrompu ce chef-d’œuvre ! J'agis en suivant mon instinct mais j'ai l'impression que ce n'est pas le mien.

Le reste est flou, nous discutons avec une membre du clan Tanuki (pourquoi ai-je le souvenir qu'ils ont disparu ?) et lui demandons un remède. Elle me rappelle Tenshy d'une certaine façon.

Je me rend compte que je la connais aussi, je ne l'ai jamais vu mais je suis lié à elle.

Alors que la lumière fuit mes yeux, je me souviens : Nous sommes en chasse, elle est la proie.

Le chant des grillons, l'obscurité, le silence, plus rien

J'ouvre les yeux dans une phalange du samurai. Je reconnais cet endroit, mais il n'y avait pas de village dans mes souvenirs. Je suis Gisei, un bushi du clan du Scorpion. Gisei...c'est la première fois que je me souviens de mon prénom. Cela voudrait-il dire que j'ai cessé de rêver ? Le rêve...oui..je suis entrain de suivre des rêves, les rêves de Tenshy ! Les quatre autres seraient donc avec moi. Mais pourquoi le traquons nous ? Impossible de m'en souvenir pour l'instant. Je les sens encore une fois, nos visages changent mais nos esprits sont liés. Cependant, cette fois il y a une connexion entre moi et la cible. Il se pose des questions, il doute, il n'aime pas être un soldat je peux le dire.

Notre officier fait sonner la charge et nous avançons vers des paysans apeurés armés de bâtons et de fourches. Ils sont maigres, sans doute ont-ils refusé de payer l’impôt et voici le prix de leur rébellion.

Personne ne prend de plaisir dans ce massacre, c'est un gigantesque gâchis.

Tenshy exprime son horreur à voix haute, demandant à l'officier en quoi cela aide l'Empire. Mes compagnons semblent partager les doutes de notre cible. Je crains un instant la réaction de notre chef , mais il se contente de leur expliquer d'un ton sec que cet exemple est nécessaire à la stabilité de du pays et que ces morts sont le prix à payer pour éviter des troubles plus grands.

Cet homme parle bien et je suis de son avis, mais je sens que je suis bien le seul...
Il nous ordonne d'aller fouiller une grange plus loin pour y déloger les vieillards et enfants qui doivent s'y cacher. C'est un ordre dur, sans pitié mais nous y obéissons.

J'ai un pincement au cœur lorsque je reconnais ma grand-mère dans le visage apeuré d'une vieille femme protégeant ses petits-enfants de ses bras...

Mais le bien de l'Empire passe avant tout pour un Bayushi comme Obaa-chan me l'a elle-même appris.

Bayushi...c'est mon nom ! je suis Bayushi Gisei, fonctionnaire rattaché à l'ambassade du clan à Shiro Ide à la recherche de Tenshi alias Ronin alias Reiko. Tout me reviens et je me vois tel que je suis : un esprit dans un monde onirique contrôlant un avatar de circonstance à la recherche de l'origine de l'anomalie qui menace potentiellement l'Empire.
Je sors de mes songes au moment où Ronin ordonne aux villageois de courir se cacher dans les bosquets. Il y a donc bien longtemps que cette âme a commencé à se détourner du chemin de l'honneur. Je m'apprête à le raisonner quand une flèche lui traverse le dos ! Un enfant derrière nous, un arc à la main, semble seulement réaliser ce qu'il vient de faire alors que je me dirige vers lui pour le neutraliser. Je me fais plaquer au sol par celle qui est sans doute Komako, tandis qu'une soldat que je pense être Sakura veille un Ronin mourant, le pardonnant alors qu'il rend son dernier souffle.

Les ténèbres brouille ma vue alors que je me rends compte que la conscience de mes amis est plus importante que le devoir à leurs yeux.

Les cris, l'obscurité, le silence, plus rien.

Je reste désormais conscient de mon identité mais perds le compte de ces vies.
Je suis un pirate de la Tortue à la recherche de richesses, un cavalier de la Licorne protégeant les plaines, un marchand des Terres Brûlées sillonnant le désert d'oasis en oasis , un théologue du Dragon réfléchissant aux secrets de ce monde, un marin de la Mante affrontant les tempêtes...
À chaque fois nous sommes là tous les cinq, suivant Ronin de rêve en rêve, d'époque en époque, de vie en vie. Tantôt homme tantôt femme, tantôt jouvenceau tantôt vieillarde, honorable ou infâme, dévot ou mécréant, nous remontons toujours plus loin dans le temps, toujours plus loin dans ses incarnations, à la recherche de la première, de la cause de cette anomalie.

La détermination, l'obscurité, le silence, plus rien.

Alors que j'ouvre les yeux pour la énième fois, je reconnais immédiatement la Muraille et je le sens : nous approchons du but.

Reiko... à moins que ce ne soit le général Kaïu

Je rêve.
Je rêve que je suis de retour sur le Mur. Je m'en souviens bien. Chapitre 17, an 716, règne de l'empereur Hanteï XXI.

Je suis un officier. Je dirige une troupe de fiers soldats, et on m'a chargé de défendre le Poste de l'Aigle. Les forces de l'Outremonde se rassemblent et se préparent à lancer un nouvel assaut.
La première vague nous a laissé éreintés et blessés. Je sais que nous ne tiendrons pas à la deuxième.
Mais ce n'est pas grave.
Je ne suis pas philosophe. Je ne suis pas érudit. Pas dans cette vie-ci, du moins. Je ne sais pas si tous mes souvenirs sont le résultat de la volonté des Kamis, ou au contraire d'une malédiction... ou même le simple fruit du hasard... mais je sais que je suis l'un des meilleurs sabreurs ayant foulé cette terre.
J'appartiens à ce monde. J'appartiens à cet empire. Je sais bien qu'il n'est pas parfait, mais faire face à l'Outremonde reviens à faire face au Mal absolu. Pas de nuances de gris face à l'Enfer.

Alors venez à moi, démons et damnés. Venez à moi, je n'ai pas peur. La mort n'est pas la fin. La partie ne se termine qu'à partir du moment où on abandonne.
Et je n'abandonnerai jamais.

La seconde vague nous renverse, nous balaye comme des enfants, fracasse le Mur et éteint le Soleil.
Mais je ne meurt pas. Quand elle se retire. Je suis toujours vivant, avec peut-être une dizaine de soldats tout au plus.

Ringo m'aide à me relever. Ce qui n'a aucun sens, il n'était pas là... mais après tout ce n'est qu'un rêve.

La troisième vague approche. La bannière du Poste de l'Aigle est tombée. Les Postes voisins doivent nous croire morts. Et au vu de la situation, nous le sommes effectivement déjà... Certains sont tellement amochés que c'est un miracle qu'ils respirent encore.
Nous devons montrer aux autres que tout espoir n'est pas perdu. Comment meurent les fils et les filles de Rokugan.
Pas de compromis face à la gueule de l'Enfer. Nous allons donner à tous les témoins une démonstration de courage si éclatante qu'ils raconteront à leurs enfants, et aux enfants de ceux-ci.

On ne meurt complètement que lorsque plus personne ne se souvient de nous.

Alors chargez.
Vers l'immortalité.

Reiko... à moins que ce ne soit Ombre... ou Ronin... ou d'autres encore...

Je rêve encore.
Je rêve d'Ombre et de notre fête aux Voiles Pourpres, dans le désert. Nous sommes entrés dans la Cité Perdue des djinns et en sommes revenus vivants avec un butin dépassant l'imagination.
Moi j'ai récupéré ces urnes. Ces fameuses urnes qui nous ont déjà couté la vie deux fois. Je saurais les utiliser, je pense... Après tout Dame Ize a consacré sa vie à l'étude des arcanes des gaijins des Terres Brûlées.

Mais pas question que je risque ma vie pour une lubie de types morts depuis longtemps. Je vais plutôt les enterrer quelque part dans le désert, et si un de mes successeurs veut s'en servir bonne chance à lui.
Alors j'accepte le verre de vin que me tends Sakura et profite de l'occasion.

Attends... elle n'était pas là... mais ce n'est qu'un rêve...

Je rêve de Momiyama. De Ronin. De cette nuit au sommet de la montagne, de la discussion avec l'ermite avant que je ne l'assassine.
Le destin individuel existe-t-il vraiment ? Les actions individuelles n'ont au final aucun impact, c'est le mouvement de l'ensemble qui compte. Il est impossible de prédire la trajectoire d'un grain de sable dans un sablier, et pourtant on connait d'avance le résultat final de l'ensemble.
Alors à quoi bon se conformer aux ordres ? Je peux bien faire ce que je veux, ça ne changera rien au final.

Quand l'ermite me répond, c'est la voix de Ringo que j'entends. Le Bushido est un moyen de distinguer le Bien du Mal, nous ne sommes pas obligés de le suivre, mais c'est un moyen de savoir ce qui est Juste.
Je sens la présence des autres. Je sens leur désapprobation. De quel droit me jugent-ils ? Quand on assassine des innocents au nom de l'Empire tout va bien, mais quand je le fais de mon propre chef c'est un crime ?
Attends... ils étaient là aussi au village du Scorpion... ils désapprouvaient aussi... Peut-être que nous sommes d'accord, en fait...

Je rêve de l'auberge. De la messagère Miya. Du chapitre 1.
Je ne suis personne. Je n'ai rien de spécial. Je mène une vie ordinaire, sur les routes de notre empire en construction, à transporter des missives dont j'ignore la teneur. J’accomplis ma tâche, et aujourd'hui n'est qu'un jour comme les autres. Je vais passer la nuit dans cette chaumière servant de relai.
Les autres voyageurs discutent avec moi. Ils veulent des nouvelles de l'empire. Il n'y a pas grand-chose à dire. La famille Miya va peut-être obtenir un statut officiel en récompense de ses services. En tous cas, Miya lui-même fait construire une petite place-forte dans l'Ouest du pays. Un éperon rocheux facile à défendre, mais percé de galeries naturelles où l'on peut se faufiler. Le genre de chose à maintenir secret.
Tout bascule soudainement.
Un Kitsu entre dans la pièce. Il a l'air fatigué... résigné, surtout. Il explique qu'il a enterré le dernier de ses enfants hier. Les troupes impériales ont massacré sa tribu, conquis leurs terres, rasé leurs villages. Mais il refuse de partir sans se battre. Lui et ses derniers frères passent à l'attaque.
Je ne suis pas une combattante. Je tente de me cacher alors que d'autres se défendent tant bien que mal. Le toit de chaume est en feu. Je ne sais plus pourquoi. Il me semble que c'est un shugenja de passage qui y allumé l'incendie par accident.

Comment en vouloir aux Kitsu ? Une race entière envoyée dans les limbes de l'Histoire, pour faire de la place à l'Âge de l'Homme.

L'empire n'est pas parfait. Il a beaucoup de sang sur les mains. Et ce qui m'énerve le plus, c'est qu'il refuse de le reconnaitre. Il n'hésite pas à falsifier ses propres archives pour étouffer ses crimes.
L'hypocrisie est sans doute le défaut que je méprise le plus.
Je sens la présence de Komako, qui se demande s'il n'y a pas quelque chose de pourri dans l'empire depuis le début.

Je rêve encore... mais la suite...
Je ne m'en souviens plus.

Lettre adressée à Suzume Ringo, déposée directement au poste des messagers de Shiro Moto

Grand frère,

Tu peux montrer cette lettre aux autres si tu veux. Après tout, cela les concerne aussi.

Il s’est passé quelque chose de très étrange il y a quelques nuits de ça. J’ai rêvé de vous, de vous tous.
Nous étions dans certaines de mes anciennes vies, et nous discutions et agissions tous ensemble. Tout cela m’a beaucoup fait réfléchir.

Tout d’abord, je dois clairement expliquer une chose : je ne suis pas Ronin. Je ne suis pas non plus la petite sœur que tu aurais voulu avoir. Je ne sais pas exactement ce que je suis, probablement le résultat de la fusion des deux.
Je ne suis pas née avec tous ces souvenirs, ils sont revenus par à-coups. Parfois comme des échos flous, d’où les cauchemars que je faisais… parfois de manière brusque et beaucoup plus complète, comme lorsque tu remets par hasard la main sur un objet d’enfance que tu avais oublié.
J’avais déjà commencé à exister en tant que Reiko, à bâtir ma propre expérience. Et même avec toutes ces vies précédentes, je reste libre de devenir ce que je veux.
Là-dessus au moins Ronin avait raison. Je suis une page blanche et je suis l’écrivain.

C’était aussi le cas pour les 29 précédents. C’est pour cette raison que tous n’ont pas eu le même point de vue, que tous n’ont pas fait les mêmes choix. Bien sûr, certains d’entre eux ont mal tourné. Ombre était un assassin qui ne croyait plus en rien ni en personne. Utsubo était consumée par la haine et aurait commis des horreurs si le clan de la Tortue ne l’avait pas canalisée. Yasashi a basculé du côté de la folie et passé sa vie à écouter les voix dans sa tête…

Je ne veux pas finir comme ça.
Sauf que je ne sais pas quoi faire.

Quand je me suis enfuie de la grotte, Giseï m’a demandé quel était mon plan. Je n’ai pas répondu, parce que la vérité c’est que je n’en ai pas. J’ai récupéré les urnes avant tout pour avoir un moyen de me défendre, et confirmer que je n’étais pas folle et que tous ces souvenirs étaient bien réels.
Mais je n’ai pas de plan.

Les dernières paroles de Ronin m’étaient adressées. « N'agis pas en fonction de mes choix, fais les tiens et assume-les. » Sauf que ce n’est pas possible. C’est lui qui m’a mise dans cette situation. Il avait tout planifié, tout anticipé, jusqu’à sa propre mort… mais pas au-delà.
Et moi je me retrouve à devoir assumer les conséquences de ses actes à lui. Depuis le début, en réalité, je ne fais qu’improviser.

Ça ne peut plus durer. Comme je le disais, j’ai fait des rêves qui m’ont amenée à réfléchir. Je veux discuter.

Je vous attendrais dans les semaines à venir au temple d’Osano-Wo. Il y a, juste au Sud, un petit sanctuaire dédié à différents samurais devenus des héros. C’est sur la route pour rentrer à la maison, et surtout j’espère qu’une rencontre dans un lieu sacré calmera la colère que certains d’entre vous ressentent peut-être.

J’attendrai jusqu’à l’été.

Suzume Reiko

Je poste la lettre que vous avez découvert hier soir, comme ça vous pourrez la lire complètement.

Grand-mère,

Ringo et Sakura sont comme un frère et une sœur. Mais le cas de l'anomalie les touche trop personnellement pour qu'ils puissent agir de manière raisonnée.
Ringo voit encore en elle sa petite sœur adorée et la protègera de tout ce qu'il considèrera comme une menace, et ce même si cela l'amène à s'opposer à l'Empire.
Sakura, elle, accorde trop d'importance à sa fierté et à sa vision de la justice pour comprendre et accepter ce qui est nécessaire à la sécurité de l'Empire. Nous ne pouvons pas lui faire confiance.

Je me doutais fortement de ce fait, mais une expérience onirique m'en a donné la preuve. Mes compagnons sont incapables de faire taire leurs émotions et trahiront la couronne impériale si leur conscience leur commande de le faire. Ils sont tels des enfants, convaincus qu'il existe toujours un moyen moral de régler les problèmes et que le juste l'emporte quoi qu'il arrive avec suffisamment de volonté, comme dans les contes.

C'est donc le cœur lourd, mais déterminé que je t'indique ici les moyens qui te permettront à coup sûr de faire plier ses imbéciles si je me montre incapable de les contrôler.

Suzume Ringo : Sa famille est son point faible, sa femme à la santé fragile et son enfant sont les fissures qui causeront sa chute. Son amour pour les petites gens et son sens aigu de la justice permettront de la manipuler à loisir.

Asako Sakura : C'est une mère, et bien qu'elle s'en débarrasse dès qu'elle en a l'occasion, sa fille sera le bâton quand des promesses de justice et de compassion agrémentées de reconnaissance seront la carotte.

Tsuruchi Komako : Victime d'un sortilège l'ayant effacée de la mémoire du monde. Nous pourrions penser que la promesse de l'aider à rompre cette malédiction serait un bon moyen de la contrôler, mais je pense qu'elle serait capable de se sacrifier pour une cause qu'elle verrait plus grande qu'elle. Elle prétend être ma cousine par alliance et semble tenir à sa famille. Des recherches du côté de l'oncle de ma femme pourrait permettre de déterminer qui menacer (cherchez les incohérences dans les textes et les discours, le sortilège n'est pas parfait).

Mirumoto Masashiro : La vieille femme lui servant d'yeux est son talon d'Achille, il semble y tenir plus qu'à tout. La promesse de lui livrer l'assassin de ses parents pourrait peut-être permettre de le contrôler, mais je crains qu'il ne soit trop vertueux pour se laisser aveugler une nouvelle fois par Masayoshi.

J'espère réussir afin de ne pas avoir à faire pression sur eux. Malgré leur faiblesse, ils aiment profondément ce pays et méritent de vivre dans l'illusion de conte que nous créons pour eux dans les ténèbres.

Mon amour pour Ringo et Sakura est grand, mais rien n'est au-dessus de l'Empire.

Bayushi Gisei

Lettre envoyée par Isawa Eriko depuis Shiro Moto, à un destinataire inconnu (on se demande bien qui, tiens)

Senseï,

Conformément à vos instructions, j'ai rencontré secrètement Bayushi Giseï, qui m'a fait un rapport détaillé de la situation.
Lui-même et les autres samuraïs ont rencontré il y a peu un chaman nezumi qui a utilisé la magie bien particulière de son peuple pour explorer Yume-do et en tirer les secrets du passé de Suzume Reiko.

Je vous épargne les détails, le plus important est qu'ils pensent avoir trouver l'origine de l'extraordinaire mémoire de celle qui fût Ronin.
En effet, au cours de sa toute première vie, sa mère (que Sakura-chan a identifiée comme faisant partie du clan du Dragon, et plus exactement de la famille Togashi) est morte en couches alors qu'elle était isolée dans une simple cabane, en un lieu inconnu.
Nous ne pouvons qu'imaginer les circonstances qui ont conduit cette femme à se retrouver seule. Ce qui compte c'est que l'enfant n'a pas survécu bien longtemps, alors que sa mère le maudissait en souhaitant qu'il n'ait jamais existé.

Nous avons donc affaire à un individu dont la première incarnation n'a littéralement aucune existence. Il n'a jamais été nommé par ses parents, n'a pas connu de sépulture (et n'a donc pas non plus été nommé à cette occasion), et il n'y a probablement aucune trace de lui dans les archives du Clan.

Vous n'êtes pas sans savoir que le nom véritable des êtres et des choses est d'une importance fondamentale, car c'est en grande partie ce qui définit leur place dans l'Ordre Céleste. Sans nom, cet individu n'a tout simplement aucun destin.

Par ailleurs, j'ai pu rencontrer l'ensemble du groupe le lendemain. Bayushi Giseï a admirablement bien joué la comédie, faisant mine de me rencontrer pour la première fois. J'ai bien essayé de les convaincre du bien-fondé de notre action, mais ils semblent aveugles à la décadence frappant actuellement notre empire.

Enfin, j'ai appris que Suzume Reiko a écrit une lettre à son frère. Elle leur donne rendez-vous au temple d'Osano-Wo. Je vous rejoins au plus vite afin de vous fournir les détails.

Puissent les Kamis accorder sa bénédiction au Trône du Chrysanthème et à son héritier légitime,

Isawa Eriko

Journal personnel
Suzume Reiko - Chapitre 30
Eté 1187 - Règne de l'impératrice Iweko I

Premières réflexions

Le temple d'Osano-Wo est un endroit calme. Reculé. Proche du centre de l'Empire, et pourtant n'appartenant à aucun des clans majeurs. Ici plus qu'ailleurs, ce sanctuaire est dédié aux héros qui ont forgé Rokugan. Aux exemples que tous les samurais se doivent de suivre.

Et quand on y réfléchit, qu'est-ce qu'on a ? Osano-Wo lui-même n'a-t-il pas exterminé l'ancienne race des trolls et rasé leur capitale ? Un autre génocide effacé des pages de l'Histoire. L'expression populaire dit que tout le monde à des squelettes dans son placard... dans le cas de notre empire, ils lui ont servi de fondations.

Plus le temps passe et plus c'est la même chose. A quoi bon jouer leur jeu ?

Du moins, c'est ce que pensais Ronin. Moi je n'en suis pas si sûre.

L'ère du changement a fini par arriver. Nouvelle dynastie, nouvelles règles. L'impératrice Iweko a apporté plus de réformes en 10 ans que tous les Hantei en 1 millénaire.
Et n'est-elle pas impératrice de droit divin ? Amaterasu elle-même a béni sa montée sur le trône. Lors de la bataille d'Otosan Uchi, certains ont dit que les Kamis avaient abandonnés les Hanteï.
Peut-être est-ce vrai. Peut-être qu'à force de vouloir maintenir l'empire dans un état inchangé, la dynastie Hanteï a-t-elle en fait failli à sa mission.

Une nouvelle ère commence. Et moi, qu'est-ce que j'y fais ?
Il y a un sanctuaire secondaire, plus au Sud, dédié aux héros tombés lors de la bataille du Mur de 716. Et dedans, une stèle dédiée aux héros du Poste de l'Aigle.
Les dix de l'Aigle. Dix anonymes, que les autres postes ont vu charger la horde de l'Outremonde alors qu'ils pissaient le sang et tenaient à peine debout. Dont... moi. Je leur ai promis l'immortalité, mais il n'y a que moi qui me souviens de leurs noms...

Le but c'était de montrer aux autres que la défaite ne survient jamais que lorsqu'on l'accepte. Refuser de baisser les bras, et continuer à combattre le Mal, car il ne triomphe que grâce à l'inaction des gens de Bien.
C'est ce que je veux faire.

Mais toute seule ?

Je peux encore essayer de convaincre les autres. S'ils abandonnent leur destin, si j'arrive à les rendre... comme moi...

Qui sait ce que nous pourrions faire ?

Brouillon de discours, par Bayushi Masayoshi

Face à la situation actuelle de l'empire, plutôt que de ‘’décadence’’, certains préférent employer le terme de ‘’changement’’, en ajoutant que le changement n’est pas nécessairement mauvais.
En cela, ils ont raison. Je dirais même que le changement est parfois inévitable. Toutefois, il doit se faire de manière raisonnée et surtout contrôlée.

Or, ce n’est pas le cas actuellement. Le gouvernement actuel avance sans savoir où il va, tel un marin qui aurait décidé de traverser l’océan sans savoir à quelle distance se trouve la prochaine terre. Il suffit de voir la façon dont les Terres Brûlées ont été explorées. Plusieurs missions indépendantes, qui ne se sont pas concertées les unes les autres.

J’ai longuement étudié les gaijins, leur artisanat et leur manière de penser. Et même si je ne doute pas un instant des bonnes intentions de l’impératrice, elle nous a sans le savoir mis dans une situation délicate.
Les gaijins ne réfléchissent qu’en rapports de force. Une démonstration militaire dans le désert risque de nous faire passer pour des conquérants, ce qui va nous créer des ennemis. Une autre approche, plus diplomatique, risque au contraire de nous faire passer pour des faibles… ce qui va également nous créer des ennemis.
Dans le même temps, les décisions controversées du gouvernement créent la division dans nos propres rangs, ce qui ne fait que nous affaiblir et nous rendre vulnérable à une attaque gaijin.

Bien sûr, cette attaque n’aura peut-être pas lieu tout de suite. Sans doute même pas de notre vivant. Mais nous devons être prêts pour ce jour-là. Nous avons besoin d’un état fort, capable de prendre des décisions difficiles.
C’est d’autant plus important que l’artisanat gaijin ne fait que se perfectionner. Prenons par exemple leur poivre : il y a quelques siècles, ce n’était que de vulgaires bâtons faisant plus de bruit que de mal, et éclatant dans les mains du tireur une fois sur deux. Aujourd’hui ils ont des armes capables de transpercer une armure avec précision à plus de cinquante pas. Demain, ils auront peut-être des armes capables de raser une ville entière en une seule détonation.

Nous devons être prêts. Et en cela, il se trouve que ‘’l’anomalie’’, ou quelque soit le nom qu’on lui donne, dispose d’un potentiel extrêmement intéressant, et je dirais même prometteur. Une troupe entières de samurais bénéficiant de l'expérience de plusieurs vies... Voilà de quoi faire pencher la balance en notre faveur.

Bien sûr, cela nécessitera de commettre des actes immoraux, que d'aucuns n'hésiteront pas à qualifier de ''monstrueux''. Et une fois de plus, c'est la vérité, c'est effectivement monstrueux. Mais parfois, pour vaincre des monstres il faut en devenir un soi-même. Et si je dois aller en enfer pour sauver l'empire, j’estime que c’est un sacrifice acceptable.

Le serment de l'Araignée

Je jure de servir l'Empire, le trône du Chrysanthème, et son occupant légitime.
Je jure de le faire non pas par la voie du Bushido, mais en suivant le Code du seigneur Daigotsu.

Le bushido enseigne l'honnêteté, envers soi-même comme envers les autres.
Je lui préfère le contrôle : je serai honnête envers moi-même et guiderai les autres, même s'ils n'en seront pas conscients. Peu savent ce qui est bon pour l'Empire, encore moins l'acceptent.

L5A Janvier 2020 - Peut-on échapper à son destin ? - Page 11 Masayo11

Le bushido enseigne la courtoisie, même envers ses ennemis.
Je lui préfère la détermination : je serai magnanime lorsque cela sera utile, sans pitié lorsque cela sera nécessaire. Une seconde d'hésitation peut mener à la défaite.

L5A Janvier 2020 - Peut-on échapper à son destin ? - Page 11 Bushi_11

Le bushido enseigne le courage, qu'il associe au respect et à la prudence.
Je lui préfère la volonté : le vrai courage est de faire ce qui doit être fait, sans chercher l'approbation du plus grand nombre. Ils comprendront plus tard.

L5A Janvier 2020 - Peut-on échapper à son destin ? - Page 11 Monial10

Le bushido enseigne l'honneur, qui prétendument reflète la vraie nature des hommes.
Je lui préfère la perspicacité : je serais capable de voir au-delà des apparences, de comprendre la vérité se cachant derrière les faits.

L5A Janvier 2020 - Peut-on échapper à son destin ? - Page 11 Ninja_10

Le bushido enseigne la compassion, et que la cruauté n'est jamais utile.
Je lui préfère la force : la victoire s'obtient par des actions ne laissant aucune place au hasard. L'Empire ne triomphera pas en cultivant la faiblesse.

L5A Janvier 2020 - Peut-on échapper à son destin ? - Page 11 Berser10

Le bushido enseigne la sincérité, d'agir et d'obéir sans poser la moindre question.
Je lui préfère le savoir : un seul coup bien calculé est plus mortel que cent portés à l'aveuglette. La connaissance est la clef de la réussite, toute information est un pion à jouer.

L5A Janvier 2020 - Peut-on échapper à son destin ? - Page 11 Isawa_10

Enfin le bushido enseigne la loyauté, d'assumer ses actes et leurs conséquences.
Cette vertu-là je la conserverai, car c'est la loyauté qui donne un sens au but poursuivi, et c'est en appliquant loyalement les six autres vertus du Code que j'atteindrai la perfection, et par là-même la perfection de l'Empire

Dans un univers alternatif, Bayushi Gisei avait prévu de vous mentir une fois de plus en vous proposant sa propre traduction de la lettre codée.

Grand-mère,

Ringo et Sakura sont comme un frère et une sœur. Et le cas de l'anomalie les touche trop personnellement pour qu'ils puissent ne pas agir.
Ringo voit encore en elle sa petite sœur adorée et la protègera de tout ce qu'il considèrera comme une menace, surtout si elle vient de ceux qui s'opposent à l'Empire.
Sakura, elle, accorde trop d'importance à sa fierté et à sa vision de la justice pour abandonner sa mission au service de la sécurité l'Empire. Nous pouvons lui faire confiance.

Je me doutais fortement de ce fait, mais une expérience onirique m'en a donné la preuve. Mes compagnons sont capables de faire taire leurs émotions et aideront la couronne impériale car leur conscience leur commande de le faire. Ils sont enfants de Rokugan et serviront leur patrie jusqu'au bout. J'ai cependant peur qu'ils se mettent en danger et leur famille également. Je suis trop faible pour assumer un tel sacrifice...

C'est donc le cœur lourd, mais conscient de mon manque de détermination que je t'indique ici les moyens qui permettraient à coup sûr de faire plier ses héros et que tu dois donc protéger.

Suzume Ringo : Sa famille est son âme, sa femme à la santé fragile et son enfant sont les fondations qui lui de tenir debout. Son amour pour les petites gens et son sens aigu de la justice sont ses plus grandes qualités.

Asako Sakura : C'est une mère, et bien qu'elle soit obligée à l'occasion de s'en séparer, sa fille lui est aussi précieuse que les valeurs de justice et de compassion, peu lui important les reconnaissances.

Tsuruchi Komako : Victime d'un sortilège l'ayant effacée de la mémoire du monde. Nous pourrions penser que la promesse de l'aider à rompre cette malédiction serait un moyen pour nos ennemis de la manipuler, mais je pense qu'elle serait capable de se sacrifier pour une cause qu'elle verrait plus grande qu'elle. Elle prétend être ma cousine par alliance et semble tenir à sa famille. Des recherches du côté de l'oncle de ma femme pourrait permettre de déterminer qui protéger (cherchez les incohérences dans les textes et les discours, le sortilège n'est pas parfait).

Mirumoto Masashiro : La vieille femme lui servant d'yeux est son pilier, il semble y tenir plus qu'à tout. La promesse de lui livrer l'assassin de ses parents pourrait peut-être permettre de le contrôler, mais j'espère qu'il est trop vertueux pour se laisser aveugler une nouvelle fois par Masayoshi.

J'espère réussir afin de ne pas voir quelqu'un faire pression sur eux. Malgré leur faiblesse, ils aiment profondément ce pays et souhaitent de voir cette terre de conte que nous créerons pour nos enfants dans la lumière.

Mon amour pour Ringo et Sakura grand, plus je le crains que celui pour l'Empire.

Bayushi Gisei

Précisons qu'il s'agit d'un faux grossier !

Mais aussi d'une assez admirable tentative de retourner la situation à son avantage. C'en est presque un numéro d'acrobate à ce stade.

Vous n'avez aucune preuve de ce que vous avancez !
Et puis qui aurait-il fallu croire : un fidèle compagnon et ami ou son père fou à lier et manipulateur ?

Moi, je crois dans le pouvoir du jade.

J'avoue que c'est un test aussi efficace que radical.

Je pensais être prêt à tous les sacrifices, à être une ombre au service de la Lumière, mais je ne suis qu'un homme et mes émotions me contrôlent. J'ai toujours cru être au-dessus des autres, voir la grande fresque quand le commun des mortel ne se focalisait que sur des détails, mais j'étais simplement aveuglé. Aveuglé par mon orgueil, aveuglé par mon ambition, je ne voulais pas juste être une ombre au service de l'Empire, je voulais être l'Ombre.
Je pensais être le marionnettiste alors que je n'étais qu'un pantin, un outil qui a failli causer la mort de ses proches et le chaos dans son pays.

Paradoxalement je dois remercier mon père pour cette prise de conscience. S'il n'avait pas sombré si profondément dans la folie, s'il n'avait pas embrassé la corruption, s'il ne m'avait pas manipulé, s'il n'avait pas essayé de tuer mes amis et la femme que j'aime m'obligeant à sortir de l'ombre pour les défendre, je me serais sans doute perdu à mon tour. Il m'a permis de trouver cette limite dont Obaa-chan m'a si souvent parlé.

Nous, Scorpions, jouons une partie dangereuse de Shogi. Nous manipulons les pions, les sacrifions pour protéger le Roi.
La plupart pensent que le Roi représente l'Empereur, quand mon père et moi voyions en lui l'Empire. Nous avions tous tord, le Roi ne représente ni un homme ni un pouvoir politique, il incarne Rokugan. Il incarne ses valeurs, il incarne les hommes et les femmes qui y vivent, il incarne ses enfants, il incarne la volonté des Kamis, il incarne tout ce que nous devons protéger.
De là apparait une règle évidente "Toutes les pièces sont précieuses, les sacrifier est l'ultime recours".

Voilà ce qui différencie les protecteurs de l'Empire des fous comme mon père : Nous voyons une âme où ils ne voient qu'un pouvoir.

Je le remercie donc de m'avoir ouvert les yeux sur ma propre folie et mon orgueil. Je sais désormais ce que je dois protéger, et surtout que nul n'est assez sage pour décider seul de ce qui doit être sacrifié pour y parvenir.

Ma première action après cette révélation a été de révéler ma duplicité par deux fois : la première dans le temple où nous combattîmes les sbires du clan de l'Araignée (une expérience douloureuse pour nous tous, et dont mon dernier souvenir avant de m'évanouir est l'image du pied de mon père s'approchant à grande vitesse de mon visage). Et la deuxième, le lendemain dans un jardin après avoir été soigné par les moines (une expérience douloureuse pour tous également je pense, et dont mon dernier souvenir avant de m'évanouir est l'image d'un projectile de jade s'approchant à grande vitesse de ma poitrine).

J'en parle avec humour mais ce fut un moment très dur pour moi. Voir la déception se dessiner sur le visage de mes amis et de ma femme fut l'expérience la plus pénible de mon existence.
Je me suis également senti trahi par le discours de mauvaise foi de ma cousine. Il était déjà dur pour moi d'admettre avoir eu tord et mettre fait manipuler comme un pion par mon père, mais l'entendre dire que j'avais oublié nos principes et que jamais le clan n'aurait utilisé de pareilles méthodes était tout simplement trop à ce moment.

J'ai certes été bien trop loin bien trop vite poussé par l'orgueil (je porterai le fardeau de cette culpabilité toute ma vie), mais prétendre que le clan n'aurait jamais atteint de telles extrémités était une insulte à mon intelligence (une branche entière de notre organisation est spécialisée dans l'espionnage et l'assassinat). Le pire est que je suis convaincu qu'elle croyait à la véracité de ses propos (La corruption de son mari semble l'avoir beaucoup touchée).
Toujours est-il que ma réaction de colère prouve qu'il me reste un long chemin à parcourir sur la route de la sagesse (heureusement Sakura et ma femme semblent disposées à me rappeler à l'ordre)

J'ai d'ailleurs été aussi étonné qu'ému du fait que Börte décide de ne pas me tuer. C'est décidément la femme la plus forte que je connaisse et je ne pense pas qu'une vie entière passée à m'améliorer me suffise pour la mériter un jour.

Pendant ma perte de connaissance, mes compagnons ont trouvé un moyen de donner un destin et une fin aux errances de Reiko. J'espère que nous réussirons et qu'elle trouvera la paix.
Mais je me méfie car j'ai bien peur que mon père et l'Araignée n'abandonnent pas si facilement et qu'ils n'aient pas dit leur dernier mot.

Je n'ai pas encore décidé ce que je ferai une fois cette affaire terminée. Sans doute me rendrai-je à la justice de mon clan en espérant que me donner la mort ne soit pas à leurs yeux le meilleur moyen pour moi de servir l'Empire.

Je suis comblée en tant que Shugenja ! Je prie les kamis sans jamais les appréhender et l'un d'entre eux est venu vers moi et a testé mes valeurs religieuses. Loué soit-il !

Il est vrai qu'il est flatteur de sortir la tête haute d'une telle épreuve !

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